Rien ne nous survivra ; Maïa Mazaurette.

Critique Sci-fi Universe

Je ne vais pas répéter le synopsis décrit dans cette critique, passons donc directement à mon avis. Maïa Mazaurette écrit comme une déesse. On ne trouvera dans sa prose ni moult détails, descriptions de haut niveau avec un vocabulaire impressionnant, ni style soutenu ; mais c'est vraiment jouissif. Elle nous immerge entièrement dans l'ambiance de son récit en moins de 5 pages (format poche), en 10 pages, nous connaissons ses deux personnages principaux comme si nous les fréquentions depuis plusieurs mois. On connait les grandes lignes, on survole leurs pensées. Et pourtant, on ne cesse d'être surpris durant le roman. Le cynisme est génial, l'humour est présent, et il y a même des pensées philosophiques !
Le principal défaut du livre, comme d'ailleurs "Dehors les chiens, les infidèles" (son dernier roman), c'est l'histoire. Elle est originale, elle part sur les chapeaux de roue, ponctuée de théories agressives, monte en puissance et ne s'arrête pas... Jusqu'à ce que l'auteure change complétement de direction au milieu du récit. Le désordre s'installe dans les rangs des jeunes, ce qui, même si c'est logique, bloque la fluidité ; un élément fantastique, presque de la magie, fait son apparition. Bref, Mazaurette se perd un peu, nous perd un peu. Mais alors, un tout petit peu. ::

Voici quelque citations piochées au fil de ma lecture, que j'ai noté rien que pour vous :

Citation :

Les jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l'autorité et n'ont aucun respect pour l'âge. A notre époque, les enfants sont des tyrans - Socrate, c'était il y a 2400 ans.

Citation :

En Ardèche, les jeunes ont même monté un réseau d'esclavage. En outre, il leur est même arrivé de prostituer des vieux. Personnellement, je trouve ça assez sale, mais évitons le sentimentalisme : eux n'avaient pas de scrupules à se taper des travestis de quinze ans, ou des africaines de treize. Et cela se passait dans les villes, sous nos yeux.

Citation :

Ce n'est pas la chanteuse à succès qu'il faut envier, mais bien son producteur, l'omniprésent vieux dans l'ombre.

Citation :

Si j'avais Parkinson, je me branlerais tout le temps.

Citation :

Ceux qui survivent à leurs quinze premières années portent en eux le potentiel d'un Armageddon. Certains l'utilisent pour construire des monastères, d'autres pour détruire le monde. Je déteste seulement ceux qui ne l'utilisent pas.

Citation :

J'ai avalé assez de plâtre pour pisser des sculptures.

Citation :

Vous cherchez frénétiquement des lambeaux de jeunesse, des "restes", comme on dit. Ou alors, vous préférez ne pas y penser : ça tombe bien, vous perdez la mémoire.

Citation :

Si on vieillit mal, c'est pour mieux accepter de mourir, si on range les morts dans des boîtes hermétiques, c'est pour éviter qu'ils en sortent.

Citation :

- Ceci est une prise d'otage ! je hurle. Personne ne bouge ou je tire !
Tout le monde bouge quand même. J'avance au centre de la pièce, bras tendu en croix, tenant d'une main mon Dragunov, de l'autre mon poulet rôti. Cette opération est une catastrophe. [...] Je retiens mon doigt qui presse compulsivement la détente du poulet [...] Je suis l'Immortel, seul homme capable de tuer un ministre avec un poulet, comme oses-tu me parler d'échelons ?!

Citation :

Notre rêve était plus merveilleux qu'un putain de prospectus des témoins de Jéhovah.

Citation :

Quand nous éliminons un actionnaire, nous sauvons un enfant chinois.

Citation :

Les vieux nous ont déjà gonflé à refuser d'être des légumes, ils trépignaient, gueulaient : nous sommes des personnes à part entière ! Message reçu, alors j'arme, je bloque le L-96 contre mon épaule et je tire sur les personnes-à-part-entière.

Si tu en as l'occasion, n'hésite pas, ce n'est pas une perte : 7,50 euro en folio sf, et 370 pages pour réfléchir à une citation d'une citation que j'ai oublié de mettre. Les jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l'autorité et n'ont aucun respect pour l'âge. A notre époque, les enfants sont des tyrans - Socrate, c'était il y a 2400 ans.

Sinon, Rien ne nous survivra est une réécriture, réédition du même roman Le pire est avenir, il faut donc privilégier la réédition.